La requête principale de mon activité est « relecteur-correcteur », alors que moi, je suis une relectrice-correctrice. Je ne peux pas renier ce que je suis, mais les moteurs de recherche me trouveront-ils si je m’en tiens à ça ?
Je n’ai qu’à utiliser le terme générique. Certes ! Mais quand je me présente comme « relecteur-correcteur », j’ai la quasi-certitude que mon client va penser que je suis un homme. Pas grave, me direz-vous. Malgré tout, il me semble important de clarifier qui je suis vraiment. Je glisse donc un « correctrice certifiée » plus ou moins destiné à préciser mon genre. Problème réglé, mais je ne suis pas au bout de mes surprises.
J’en suis à optimiser les titres et éviter les redondances du terme « professionnelle » qui revient à toutes les sauces sur ma page d’accueil. Je sollicite donc un générateur de synonyme en ligne pour me donner des idées.
Si j’apprécie ce site pour la qualité de son service, je grince des dents devant les résultats :

Alors oui, ce n’est qu’un générateur de synonymes en ligne et c’est à moi de faire la part des choses, bien entendu. De toute façon, le moteur de recherche ne peut vraiment fournir que ce qui existe, et je ne crois pas une seconde que la plateforme fasse un tri genré qui ne soit pas en rapport direct avec les usages admis de la langue. Peut-être à tort, j’interprète donc ces résultats comme un reflet de notre société.
J’avoue que mon esprit facétieux et provocateur a envisagé l’espace d’un court instant de proposer un « service de correction prostipute ». Je l’ai heureusement très vite recadré. (Mon esprit, bien sûr… pas le service de correction !) Et en même temps, une part de moi reste persuadée qu’il n’y a qu’en mettant les pieds dans le plat que les consciences évolueront. Par bonheur, je suis lucide : je n’ai pas une notoriété suffisante pour me permettre un éclair de provocation sur mon site pro. L’instinct de survie.
Mais au-delà de l’aspect connoté et potentiellement vulgaire de ces propositions, je note tout de même que le terme « professionnelle » ne génère que deux occurrences (sur vingt-et-une) en lien avec ce que j’espérais. Spécialiste, terme épicène, et praticien au masculin, vous le remarquerez… Praticienne n’était peut-être pas disponible. Ou alors, elle était occupée à autre chose, allez savoir. Je n’ai pas demandé les synonymes de praticienne. Je manque de rigueur, c’est vrai, mais j’avais eu ma dose avec la recherche précédente. Pardonnez-moi cette faiblesse méthodologique.
À la place, j’ai préféré en profiter pour repérer un mot nouveau. Et oui, la relectrice-correctrice n’est pas un dictionnaire ambulant. En bon réflexe de mes séances d’impro, je me suis lancée dans l’élaboration d’une définition flatteuse qui aurait pu ranger « goton » aux côtés de praticienne et spécialiste.
J’entends déjà pouffer ceux qui connaissent la vraie, mais laissons planer le suspense, s’il vous plaît.
Voici le résultat de mes élucubrations :
« goton [gɔtɔ̃] n. f. de ergoter (ergotons, le s final ayant succombé à l’usage), verbe intransitif signifiant contester quelque chose avec des raisonnements spécieux ; discuter sur des futilités ; chicaner : Ergoter sur des détails. Ce terme à priori péjoratif a récemment retrouvé ses lettres de noblesse dans le domaine de l’entreprise en désignant ces personnes qui ergotent à tout va sur la meilleure façon de mener un projet à terme. Au fil du temps, une goton est devenue cette collaboratrice qui repère les petits détails et ne lâche rien. Très appréciée dans les équipes, elle est le pilier de la gestion de projets. »
J’étais bien avec cette version qui augmentait de moitié la proportion de mots adaptés dans le contexte, mais ma curiosité naturelle me poussant à ne jamais louper une occasion d’en apprendre un peu plus, je vous livre ici la véritable définition… La connaissiez-vous ?
goton
n. f.
ÉTYM. 1809 ; de Margoton, tiré de Margot, hypocoristique de Marguerite, prénom féminin.
◆ Vx. Fille de campagne (→ Calleux, cit. 2). — Servante aux manières rustiques et négligées. — Vieilli. Femme dissolue, prostituée*.
nom féminin Populaire et vieux. Fille ou femme vulgaire, prostituée.
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Bon, c’est raté pour le rééquilibrage des statistiques, mais revenons à nos moutons…
À tous ceux qui me diront que l’écriture inclusive est une coquetterie, que les hommes et les femmes ne s’opposent pas mais se complètent, mettez-vous deux minutes en situation de faire du SEO avec des termes féminins, et on en reparle.
J’entends souvent qu’il faut féminiser les professions pour que les femmes puissent s’y projeter. Très bien. Mais dans le cas présent, la plupart des personnes qui vont taper une requête dans leur moteur de recherche vont demander un service de relecture-correction ou un relecteur-correcteur. Pourtant, la majorité des professionnels qui vont leur répondre seront… des femmes. (Notez que je n’ai pas employé « professionnelles », je suis traumatisée.)
Je ne suis pas de celles qui partent en croisade ou cherchent des coupables. Je voudrais simplement que notre belle langue prenne en compte chaque moitié de la population avec un traitement égal.
Je n’ai pas de baguette magique ni de solution idéale, et je vois bien que beaucoup de celles qui sont proposées pour le moment sont imparfaites, mais je me réjouis que le sujet soit posé sur la table et que les mentalités commencent à évoluer.
La question de l’inclusivité complique la correction, je ne vous le cache pas. Pourtant, il me semble important de fournir un effort supplémentaire pour vous aider dans cette démarche. C’est pourquoi je me tiens au fait de toutes les possibilités pour rendre un texte plus inclusif sans que ses lecteurs ne ressentent la moindre gêne.
N’hésitez pas à me solliciter pour vous aider dans cette tâche.